Salvador Dali est décédé le 23 janvier 1989 dans sa ville natale de Figueras (Espagne) dans les circonstances exactes de ses pressentiments. Vingt-cinq ans après sa disparition, il faut se rendre à l’évidence. Le phénomène Dali constitue aujourd’hui un fait culturel incontournable, dont on finira par comprendre l’influence positive sur l’évolution de la peinture contemporaine. On connaît la personnalité extravagante du peintre catalan et ses comporements délirants, dictés par un souci permanent de l’autopromotion. Ses conduites égocentriques ont laissé une exécrable impression de provocateur et de bouffon médiatique, notamment à Paris. Mais derrière le clown se cachait un artiste génial autant qu’un visionnaire, dont on découvre maintenant les fabuleuses projections créatives. Car la peinture de Dali connaît actuellement un glorieux prolongement.

Salvador Dali Superstar


Salvador Dali entre en 1979 à l'Académie française

En 1979, une première rétrospective du peintre surréaliste, présentée à Paris au Centre Pompidou, avait attiré 844.662 visiteurs. Le célèbre peintre était au sommet de sa gloire. Il venait d’entrer à l’Académie Française, section des beaux-arts. Le triomphe de son exposition parisienne constitue le record d’affluence absolu enregistré au fameux centre d’art contemporain français. Trente-trois années plus tard, le Centre Pompidou a organisé une 2e rétrospective, qui durait du 21 novembre 2012 au 15 mars 2013. Le résultat fut, une fois de plus, retentissant, avec 790.089 visiteurs enthousiastes. En plus, le Teatro-Museo de Figueras (E), créé en 1974 par Dali lui-même, est devenu en 2013 le musée le plus visité d’Espagne, bref le n° 1, avec plus d’un million d’amateurs d’Art annuels venus du monde entier. Franchement, on doit s’interroger sur le raisons profondes d’une telle fascination.

Voyons ! Une rétrospective Dali à +790.000 visiteurs au Centre Pompidou, suivie d’une exposition emblématique consacrée au «Surréalisme et l’Objet», également à Paris. Tout cela en 2013 ! On croit rêver. Voilà une nouvelle tendance inespérée, qui remet sur le devant de la scène artistique un principe essentiel, ignoré par les créateurs modernes du soi-disant «art contemporain» : l’imagination, moteur fondamental de la création artistique. Allons-nous vers des horizons nouveaux et remettre en valeur la notion de la beauté, incomparable source de plaisir ? Cette perspective prometteuse nous changerait enfin des productions ordinaires, fort ennuyeuses et sans aucun contenu culturel, qui se négocient actuellement sur le marché de l’art international.

Le puissant courant rénovateur des valeurs esthétiques n’est pas fini. Il ne fait que commencer. Car il s’agit en fait d’une réaction vigoureuse de vrais artistes-peintres contre le vide affligeant de «l’art contemporain». Tenez, le rideau de scène créé en 1944 par Dali lors de son exil à New York pour le ballet paranoïaque-critique «Tristan fou» a été retrouvé en 2010. Il s'agissait en fait d'une ré-écriture dalinienne de «Tristan et Isolde» de Richard Wagner ! Cette magnifique œuvre monumentale de 120 m2 (9 x 15 m) sert de toile de fond au spectacle «Verità», qui fait actuellement le tour du monde. La compagnie suisse Finzi Pasca a créé un show théâtral d’inspiration surréaliste, qui a fait fureur au mois de février 2014 en France après des passages remarqués à Copenhague, Lausanne, Zurich et Madrid. 70 années après sa création, le rideau dalinien de «Tristan fou» connaît une seconde naissance à travers un fabuleux spectacle grand public.

Le Wagon de Dali, galerie d'Art itinérante

Tel est aussi le cas du fameux «Wagon de Dali», retrouvé en 1986 par l’explorateur luxembourgeois Roger Michel Erasmy à Perpignan (Catalogne française). Salvador Dali avait réalisé en 1965 un tableau emblématique de 406 x 295 cm, intitulé «Le Mystique de la Gare de Perpignan». L’artiste a voulu rendre un hommage pictural à la station ferroviaire française proche de la frontière espagnole, où étaient passées toutes les toiles destinées à sa clientèle fortunée des Etats-Unis. A l’époque, il s’agissait d’échapper au contrôle du franquisme. Quand Dali a découvert en 1963 à la Gare de Perpignan le «Centre de l’Univers» de sa cosmogonie créative, il n’imaginait pas que ce délirant concept paranoïaque-critique allait produire 50 années plus tard un irrésistible courant créatif d’inspiration surréaliste, dont le «Wagon de Dali» est devenu la plaque tournante. Le chercheur dalinien Roger M. Erasmy avait sauvé cet étrange fourgon iconographique, qui reste la seule référence ferroviaire du fameux tableau «Le Mystique de la Gare de Perpignan». La transformation de ce fourgon rail-route hybride en galerie d’Art itinérante a permis d’aménager dès 1995 un espace culturel actif, dont le rayonnement dépasse les objectifs fixés. Le fait est là, inouï. Le «plus petit espace surréaliste du monde» circule depuis vingt ans en Europe en mobilisant la presse, la télé et le grand public des amateurs d’Art.

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Dali devant «Le Mystique de la Gare de Perpignan», toile de 1965 au «wagon»

En décembre 2013, l’arrivée du «Wagon de Dali» au Grand Palais des Champs-Elysées a amené à Paris un chargement entier de toiles inédites, figuratives, fantastiques et symbolistes, réalisées par dix artistes européens représentatifs de la peinture de l’ imaginaire du XXIe siècle. Depuis le Centenaire Dali de 2004, des peintres fantastiques originaires de Paris, de Vienne, de Munich, de Prague, de Moscou et aussi de Turin et de Barcelone se sont regroupés dans un mouvement rénovateur ambitieux baptisé «Le s Héritiers de Dali». Voir les vidéos de l'arrivée du "Wagon" à Paris sous la date du 13 décembre 2013.

Conformément aux principes consignés en 2004 dans un manifeste éloquent intitulé «L’Appel de Lyon», ces artistes européens de la mouvance «Art de l’imaginaire» organisent eux-mêmes, en marge des courants mercantiles du marché, des événements mobilisateurs destinés à reconquérir le public des connaisseurs et les véritables amateurs de beaux Arts. Leur principal repère créatif reste le génial maître du Surréalisme : Salvador Dali !

Salvador, sauveur de la grande peinture


Le phénomène est troublant, mais néanmoins conforme à la vocation transcendante du génie de l’énigmatique surréa-liste catalan. Dali se voulait le sauveur de la belle peinture sur toile. Il se moquait des Mondrian, Picasso et consorts, qu’il accusait d’être responsables de la laideur généralisée de l’art moderne. Aujourd’hui, on est bien obligé de recon-naître la lucidité de ses pressentiments. En artiste clairvoyant, Dali a vu s’ébaucher la dérive du prétendu «art contemporain». Plus fort encore, Dali s’est affirmé progressivement comme un authentique visionnaire, à la fois peintre messianique et bras créatif de la divine Providence, chargé de mettre en images la conception prometteuse d’un Monde nouveau, inespéré. La crise planétaire a confirmé ces redoutables prémonitions. En l’occurrence, le tableau emblé-matique de 1965 constitue une œuvre majeure de l’Art divinatoire pratiqué par le divin Dali. Car la toile ferroviaire est bardée de symboles et de codes chiffrés, dont on finira par comprendre le sens prémonitoire. Il suffit de les décrypter !

Sur le plan pragmatique, le wagon de 1965 est devenu un objet surréaliste actif et efficace, qui s’inscrit dans l’héritage constructif du peintre-prophète. Désormais le phénomène Dali s’affirme comme un guide incontournable, rail conducteur d’un fabuleux renouveau créatif. Pour le 50e anniversaire du «Centre de l’Univers», situé à la Gare de Perpignan, le «Wagon», antenne mobile de la mystérieuse station ferroviaire, fut exposé à Paris en première ligne du salon Art-en-Capital 2013 avec un stupéfiant chargement artistique. 25.000 visiteurs sont venus admirer les toiles accrochées par dix peintres du collectif «Les Héritiers de Dali» à l’intérieur du fourgon surréaliste. Le Jury parisien leur a attribué 4 médailles en reconnaissance de la qualité de leurs créations artistiques. Voici les noms des 10 artistes réunis au Grand Palais : Angerer der Aeltere (D), Andrée Bars (F), Michel Barthélemy (B), Monica Fagan (GB), Christian Lepère (F), Christophe Lorain (F), Michael Maschka (D), Séverine Pineaux (F), Tony Quimbel (F) et Jolanda Richter (A). Leurs œuvres du Grand Palais ont été exposées en février 2014 en marge du salon européen SAFADORE 2014 du Mont-Dore (F).

LE LIVRE DE L'APOCALYPSE RETROUVE


Les recherches méthodiques, effectuées depuis 1984 par Roger Michel Erasmy sur les sources réelles de l’œuvre de Salvador Dali, lui ont permis de retrouver un autre symbole majeur de la formidable créativité du célèbre surréaliste espagnol. Grâce aux confidences livrées par le conservateur du musée des peintres de l’Ecole de Murol en Auvergne (F), Erasmy a découvert en juin 2004 dans un hangar désaffecté de la ville thermale du Mont-Dore les vestiges du fameux «Livre de l’Apocalypse», réalisé en 1958-1961 par Dali avec le concours de six autres peintres connus : Bernard Buffet, Léonor Fini, Foujita, Pierre-Yves rémois, Georges Mathieu, Ossip Zadkine. En 1961, le Livre sacré valait 2 millions de francs français. C’était l’ouvrage littéraire le plus cher du monde. Béni en 1962 à Rome par le pape Jean XXIII, l’œuvre monumental (lourd de 210 kilos) a fait le tour de la planète. 4 millions d’amateurs d’Art payants ont vu le Livre. Peu avant sa mort en 1991, l’éditeur parisien Joseph Forêt a légué à sa ville natale le Mont-Dore tous les éléments utilisés par Dali pour la conception du «Livre de l’Apocalypse».

Suite à des contacts constructifs noués entre l’animateur Erasmy et la Mairie du Mont-Dore, le «Livre» est devenu le pivot central d’un événement culturel hors normes. Depuis 2005, le salon européen de l’Art fantastique SAFE, rebaptisé SAFADORE, est organisé dans les Thermes historiques du Mont-Dore autour du «Livre de l’Apocalypse». En dix ans, les 50 meilleurs peintres fantastiques de toute l’Europe sont venus présenter au Mont-Dore des toiles grandioses pour faire la démonstration de la stupéfiante vitalité de l’Art de l’imaginaire, hérité de Dali. Le salon du Mont-Dore est devenu en France un événement incontournable du calendrier culturel d’hiver. Cette la relance du célèbre «Livre» a connu d’insoupçonnables prolongements métaphysiques.


L'auteur Erasmy avec le Livre de l’Apocalypse à Barcelone en 2009

L’exportation occasionnelle de l’ouvrage en Bavière (2006) et à Barcelone (E) en 2009 a permis aux «Héritiers de Dali» de planifier des expositions internationales, qui ont remis en évidence les valeurs incomparables de l’Art fantastique. L’héritage spirituel de Salvador Dali suscite aujourd’hui une irrésistible tendance novatrice, qui annonce le retour en force de l’originalité créative. Saluons le retour de la merveilleuse peinture de l’imaginaire ●

© Roger Michel ERASMY, fondateur des «Héritiers de Dali» ● 1er mars 2014