L'ECHEC ELECTORAL DE BARACK OBAMA
Posté par Erasmy , dimanche 7 novembre 2010 à 17:07
Conséquences politiques de la crise
Pendant son exil aux Etats-Unis, Salvador Dali a peint en 1943 à New York une toile racoleuse intitulée «Poésie d’Amérique». L’œuvre a ceci de particulier qu’elle est chargée de symboles représentatifs de la culture américaine. On peut distinguer notamment des sportifs aux costumes multicolores empruntées aux disciplines du basket-ball et du football pratiquées aux USA. La bouteille de Coca Cola constitue un clin d’œil évident aux mœurs consuméristes d’outre-atlantique.
Poésie d'Amérique" (Dali, 1943)
Lors d’un retour aux sources catalanes de l’inspiration dalinienne, le fameux collectionneur d’Art américain Reynolds Morse m’a raconté en octobre 1994 à Figueras comment Dali a voulu lui vendre cette œuvre inachevée à New York. Morse avait refusé d’acquérir la toile qu’il considérait comme une image «kitsch» à caractère mercantile. Le tableau a été rebaptisé ultérieurement «Les Athlètes Cosmiques» sans pour autant sensibiliser la clientèle exigeante des amateurs fortunés de la peinture de l’illustre surréaliste catalan. En fait, la «Poésie d’Amérique» n’a jamais pu être commercialisée et se trouve définitivement en Espagne, exposée dans des conditions assez avantageuses au Teatro-Museo de Figueras.
Sous l’aspect prémonitoire du message diffusé par cette œuvre curieuse, il est permis d’affirmer aujourd’hui que les réticents ont toujours tort. Car au-delà du mésestime des collectionneurs traditionnels, le tableau américain s’est finalement révélé comme une toile divinatoire du plus haut intérêt prophétique. Et ceci à plus d’un titre. En 1996, l’oeuvre a connu une première consécration révélatrice à l’occasion des Jeux Olympiques d’Atlanta. Ceci vaut surtout pour le volet «Athlètes Cosmiques». En 1943, quand Dali reproduisait la bouteille de Coca Cola dans le tableau, le parrainage publicitaire médiatisé n’existait pas. Or, la célèbre marque de soda, principal sponsor olympique, est domiciliée à Atlanta. Quant aux athlètes aux muscles synthétiques hypertrophiés et au tiroir-caisse planté dans les reins, ils représentent autant de symboles correspondant aux J.O. américains d’Atlanta’96. Et puis, il y a au fond ce basketteur noir dépouillé, qui s’élance pour saisir une balle en forme d’œuf. Plus éloquente encore est la tour de l’horloge dressée en haut de la toile, parée d’une carte d’Afrique froissée versant une larme. Les signes sont troublants.
Le signal d'Atlanta ("Poésie d'Amérique") Dali, 1943
En fait, le signal exprimé ici concerne la communauté afro-américaine et les conflits raciaux, dont la ville d’Atlanta est le symbole éloquent. Martin Luther King est né à Atlanta, où il a été inhumé après son assassinat. Salvador Dali a sculpté son bronze. Le célèbre pasteur noir, prix Nobel de la Paix, avait lancé en 1963 son retentissant discours «I have a dream» (Je fais un rêve !) dans l’esprit d’une Amérique fraternelle. M.L. King a été abattu à Memphis le 4.4.1968.
40 années après, Barack Obama est venu réaliser le rêve de Martin Luther King en devenant le 44e président des USA. Les corrélations sont éloquentes. Avec l’élection du métis Obama, l’Histoire des Etats-Unis a fait un bond. En fait, les visions afro-américaines de Dali se concrétisent sous nos yeux ! Mais quelles seront, en définitive, les conséquences de cette incroyable révolution ? On a pu voir, depuis le 20 janvier 2009, comment le président noir des Etats-Unis tente de s’attaquer aux épouvantables problèmes de l’Amérique : la crise économique et sociale, les 2 guerres en Irak et en Afghanistan, la sauvegarde de la planète, bref tout le chaos hérité de George W. Bush. Obama a fait voter rapidement des plans de relance faramineux en dénonçant la cupidité irresponsable des dirigeants du système bancaire.
Ce nouveau discours politique n’a pas été du goût de tout le monde. Les milieux de la finance américaine n’ont pas l’intention de changer leurs habitudes lucratives bâties sur le capitalisme. Aujourd’hui, l’économie américaine est à genoux, la pauvreté a pris dans le pays le plus riche du monde des proportions inhumaines, dues à la destruction massive causée par la terrible tempête économique qui dévaste l’Amérique depuis 2008. Le rêve américain a pris un sacré coup dans l’aile.
La grave échec électoral subi par Obama et le parti démocrate aux législatives des «midterms» de novembre 2010 va-t-elle accélérer le déclin de l’empire américain ? La victoire écrasante des républicains compliquera singulièrement la tâche du président des Etats-Unis, qui avait conquis l’Amérique en 2008 par ses promesses de changement et de renouveau. Alors que la crise éclatait, la question économique, primordiale, avait nourri le discours mobilisateur de Barack Obama. Or, l’économie et l’ampleur de la crise financière ont été les principaux responsables de la défaite de son parti. Le scrutin de mi-mandat du 2 novembre – jour des défunts ! - a été révélateur du profond mécontentement populaire des électeurs américains. Le déclin de pans entiers du secteur industriel a fait monter le taux du chômage de 4.5 % à 9,7 % en 3 ans. Cela correspond à 14,8 millions de personnes sans emploi. En fait, le parti républicain a su profiter du profond désarroi des victimes d’une crise, qui fut causée par ses propres élus sous l’administration Bush. Les jeunes, les femmes et les noirs, qui avaient largement contribué à l’élection d’Obama en 2008, ont été moins nombreux à se rendre aux urnes. 37 % des électeurs frustrés ont exprimé un vote de protestation contre Obama.
Le désenchantement général suscité par la crise a donc provoqué un bouleversement du paysage politique américain. A la Chambre des représentants, les démocrates ont perdu soixante sièges. La percée historique des républicains leur garantit une large majorité. Avec 6 sièges gagnés, leur avancée fut plus modeste au Sénat, où les démocrates ont pu préserver une petite majorité. Deux années après son élection triomphale de 2008, la marge de manœuvre du président Obama est désormais très réduite à Washington. Les projets ambitieux de la Maison-Blanche, tel la lutte contre le réchauffement climatique sont d’ores et déjà condamnés. Par rapport aux stratégies mises en route pour la reprise, les débats seront âpres. Il faudra trouver des terrains d’entente sur la réduction du déficit, sur les impôts et les cadeaux fiscaux consentis sous l’ère George W. Bush. De toute façon, Obama est condamné au compromis avec les républicains pour faire aboutir ses réformes. Sinon la cohabitation voulue par les électeurs risque d’engendrer une paralysie du processus législatif.
Les deux grands partis semblent vouloir s’accorder sur la question du «dollar faible» pour doper la compétitivité des USA sur le plan mondial. Dans le souci de protéger le commerce américain, des pressions vont être exercées sur Pékin en représailles du dumping monétaire chinois. Désormais, on doit s’inquiéter à propos des capacités de résistance de la monnaie unique de la zone euro. La «guerre des monnaies», qui se profile à l’horizon, apportera une nouvelle épaisseur cataclysmique à l’apothéose du dollar. Au G20 du 11 novembre 2010 à Séoul (présidé par Nicols Sarkozy), le face-à-face du yuan chinois et du dollar américain a considérablement perturbé les intentions d'une nouvelle ère de coopération planétaire. Désormais, c'est le G2 des deux superpuissances qui définira l'avenir du monde.
Les conséquences politiques du mécontentement américain incitent également à la réflexion sur les réalités de la situation socio-économique en France. Aux Etats-Unis, la politique dogmatique des républicains est dictée par Wall Street et les intérêts monstrueux de banques puissantes. L’échec électoral du parti d’Obama risque de ramener les USA à la case-départ du libéralisme outrancier. Dans l’Hexagone, les grèves et les manifestations répétées du mois d’octobre 2010 contre le projet de loi sur la réforme des retraites ont mis en évidence le fossé qui s’est creusé entre la travail et le capital. Le gouvernement a gagné le bras de fer contre la rue en passant en force pour imposer la retraite à 62 ans. L’entêtement du président Sarkozy à ignorer les inquiétudes existentielles affichées par des millions de manifestants a aggravé la frustration sociale des masses populaires. Désormais, les Français redoutent l’austérité et la précarité engendrées par la crise. Le malaise hexagonal a trouvé une illustration flagrante à travers l’affaire de Madame Bettencourt, 3e fortune de France. Le feuilleton Bettencourt-Woerth, qui a animé l’été 2010, a été perçu comme le miroir français des riches, emblématique des pratiques obscures de la classe dominante. A noter que François-Marie Banier, énigmatique ami de Liliane Bettencourt, a été un éphèbe mondain de la fameuse cour de Salvador Dali…..
Fidèle à ses principes, le Président Obama a voulu tenir courageusement une partie de ses promesses électorales de 2008. Ceci concerne notamment la réforme du système de santé et le désengagement militaire en Irak. Au demeurant, il a mal géré la situation économique calamiteuse, qui continue de s’aggraver inexorablement. Seule la reprise peut permettre à Barack Obama de rebondir et d’envisager un second mandat présidentiel dès 2012.
"Allégorie d'Amérique" ( Dali, 1943)
L’autre tableau prémonitoire réalisé par Salvador Dali en 1943 sous le titre «Allégorie d’Amérique» montre la planète en forme d’œuf fissuré, dans lequel le continent nord-américain figure comme un trou noir béant. La rupture s’est produite sous le choc d’un énorme cactus. Devant l’oeuf brisé se tient le même basketteur dépouillé de la «Poésie d’Amérique», entouré de ruines et de terres dévastées. Il n’est pas inutile de rappeler, à ce propos, que le président George W. Bush a toujours refusé de signer le protocole de Kyoto. En décembre 2009, le sommet de Copenhague consacré au problème du réchauffement de la planète devait définir les nouvelles règles internationales, qui vont remplacer après 2012 les dispositions de Kyoto. Sur la question cruciale de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, les deux plus grands pollueurs de la planète, les Etats-Unis et la Chine, se sont entendus pour imposer des décisions minimalistes. On payera tous la note plus tard.
A l'image de son illustre modèle Abraham LINCOLN, Obama avait annoncé d'emblée à ses compatriotes qu'il convenait de mobiliser leurs énergies angéliques pour reconstruire l'Amérique sur de nouvelles fondations. En prêtant serment à Washington sur la Bible de Lincoln, Barack Obama a voulu affirmer le lien que l'Amérique entretient avec Dieu. Pour le Bicentenaire de Lincoln de 2009, cette parenté spirituelle confine au Destin. Les deux hommes furent à Washington les représentants élus de Chicago (Illinois). Il se distinguent par la dignité, la droiture et l’éloquence. Les deux ont fondé leur action rénovatrice sur les valeurs du travail, de l’honnêteté, du courage et de la foi en Dieu. Abraham Lincoln s’est battu pour l’abolition de l’esclavage des noirs, cause profonde de la terrible Guerre de Sécession. En prônant sa vision angélique de la politique, Obama est devenu la parfaite incarnation des idéaux défendus par Lincoln, qui reste une icône incontournable de l’histoire des USA.
Abraham Lincoln est né le 12.02.1809 dans le Kentucky. Il a été assassiné le 14.4.1865 à Washington. Depuis 1850, l’Amérique était divisée sur le problème de l’esclavage. La Guerre de Sécession (1861 – 1865) s’est terminée officiellement le 9 avril 1865. soit un mois après l’investiture de Lincoln pour son 2e mandat présidentiel. Le 14 avril 1865, Abraham Lincoln fut abattu par le tir d’un militant sudiste au théâtre Ford de Washington. A noter que la date de l’assassinat du Président Lincoln – 14.4.1865 – comme celle du pasteur noir Martin Luther King – † 4.4.1968 – correspondent au code biblique 144 inscrit dans l’Apocalypse de Saint-Jean. Sous l’aspect du destin de Barack Obama, 44e président des Etats-Unis, le signal de la carte de l’Afrique froissée qui pleure, placée par Dali sur sa tour d’Atlanta, serait-il un présage ?