VISIONS OLYMPIQUES
Posté par Erasmy , mardi 5 août 2008 à 14:05
DALI ET LES JEUX OLYMPIQUES
La panoplie de l’imaginaire dalinien s’étend à tous les domaines de l’activité humaine : la vie, la science, l’ histoire, la géopolitique, la guerre, la paix, les femmes, le sexe, la religion, le sport planétaire. Les Jeux Olympiques ont préoccupé le génial artiste catalan dans des circonstances très particulières, qui confirment en fait l’irrésistible puissance de la méthode paranoïaque-critique. En clair, les toiles olympiques réalisées par Salvador Dali ont connu – bien malgré lui − des projections historiques inattendues. Voici l’histoire de deux œuvres emblématiques, qui ont marqué l’Art divinatoire.
1° L’ATHLETE COSMIQUE.
La toile représente un discobole gigantesque entouré de multiples porteurs de torches, qui montent vers un soleil lumineux. Dali avait créé le tableau en 1968 à l’occasion des Jeux Olympiques de Mexico. Plus tard, l’œuvre allait jouer un rôle déterminant dans l’attribution des Jeux Olympiques de 1992. La candidature de Barcelone, présentée en 1986, ne pesait pas lourd, a priori, face à des prétendants aussi prestigieux que Amsterdam et Paris. C’était sans compter sur le génie de la flamboyante culture catalane. A l’ occasion de l’assemblée plénière décisive du Comité Olympique International (CIO) à Lausanne, Barcelone avait amené la diva de l’art lyrique Montserrat Caballé ainsi que les stupéfiants atouts de la créativité catalane, laissés par l’architecte Gaudi et les peintres Miró, Picasso, Tàpies et Dalí.
La prestigieuse exposition «Trésors de Barcelone», déployée dans le cadre de la Fondation de l’Hermitage, comprenait comme pièce principale «L’Athlète Cosmique» de Salvador Dali. Tous les délégués du Comité Olympique International avaient reçu avec le dossier de la candidature espagnole une luxueuse reproduction de l’œuvre de Dali. Ce fascinant supplément culturel a suscité l’effet émotionnel voulu. Le 17 octobre 1986, Barcelone fut déclarée ville olympique pour 1992. Les Jeux allaient métamorphoser la métropole catalane.
L'auteur Erasmy avec Antonio Pitxot, directeur du Musée Dali,
devant les "Athlètes Cosmiques" / "Poésie d'Amérique"
2° POESIE D'AMERIQUE.
Lors de son exil aux Etats-Unis, Dali avait peint en 1943 une toile racoleuse chargée de symboles marquants de la culture américaine : une tour gratte-ciel, deux footballeurs casqués et une bouteille de Coca Cola. Malgré ces clins d’œil appuyés à la clientèle d’outre-atlantique, le peintre n’arrivait pas à vendre cette œuvre spéciale, intitulée "Poésie d'Amérique". Le tableau se trouve aujourd’hui au Teatro-Museo Dali de Figueras. Rebaptisée «Athlètes Cosmiques», la toile fut exposée en 1985 dans le cadre de la Biennale d’Art du F.C. Barcelona. Sur le plan de l’effet prémonitoire, le tableau a connu une formidable consécration olympique en 1996, quand Atlanta (USA) héritait des Jeux du Centenaire. En effet, un décryptage méticuleux du symbolisme particulier de l’image met en évidence les caractéristiques socio-économiques de la ville d’Atlanta.
Premier signe : la bouteille de Coca Cola, transformée en téléphone, objet surréaliste de la communication. Atlanta est le siège de la compagnie Coca Cola, principal sponsor du CIO. Autre indice révélateur : la carte froissée du continent africain, accrochée à la tour monumentale. Atlanta représente le symbole de la com-munauté afro-américaine et des conflits raciaux aux USA. Le pasteur noir Martin Luther King, assassiné en 1968 à Memphis, y est enterré. Quant aux athlètes figurant dans cette étrange mise en scène, ils se présen-tent comme des pantins hypertrophiés, affublés de costumes multicolores. Les têtes sont creuses et les ex-trémités des membres synthétiques se décomposent. Un tiroir-caisse est planté dans les reins d’un sportif.
Cette toile prophétique a été réalisée par Dali à New-York en 1943, je tiens à le rappeler. Les repères iconographiques permettent d’identifier la ville olympique d’Atlanta’96. Cela est indiscutable. Mais en fait, les indications de la dégénérescence sportive avancée correspondent bien au profil des «dieux du stade» de notre époque : l’argent, les contrats publicitaires, le dopage et la supériorité des sportifs de couleur. La troublante précision symbolique de l’œuvre garde aujourd’hui tout son impact divinatoire. La «Poésie d’Amérique» de 1943 est un exemple éloquent de l’inspiration paranoïaque-critique. L’ensemble de l’œuvre dalinien constitue un scénario du futur, qui illustre les mutations du XXIe siècle.
Le montage surréaliste MAO-MARYLIN (Dali, 1972)
annonce l’américanisation de la Chine de 2008,
qui veut réinventer le capitalisme sauvage sur les bases de l’idéologie maoïste ■ A suivre…
La panoplie de l’imaginaire dalinien s’étend à tous les domaines de l’activité humaine : la vie, la science, l’ histoire, la géopolitique, la guerre, la paix, les femmes, le sexe, la religion, le sport planétaire. Les Jeux Olympiques ont préoccupé le génial artiste catalan dans des circonstances très particulières, qui confirment en fait l’irrésistible puissance de la méthode paranoïaque-critique. En clair, les toiles olympiques réalisées par Salvador Dali ont connu – bien malgré lui − des projections historiques inattendues. Voici l’histoire de deux œuvres emblématiques, qui ont marqué l’Art divinatoire.
1° L’ATHLETE COSMIQUE.
La toile représente un discobole gigantesque entouré de multiples porteurs de torches, qui montent vers un soleil lumineux. Dali avait créé le tableau en 1968 à l’occasion des Jeux Olympiques de Mexico. Plus tard, l’œuvre allait jouer un rôle déterminant dans l’attribution des Jeux Olympiques de 1992. La candidature de Barcelone, présentée en 1986, ne pesait pas lourd, a priori, face à des prétendants aussi prestigieux que Amsterdam et Paris. C’était sans compter sur le génie de la flamboyante culture catalane. A l’ occasion de l’assemblée plénière décisive du Comité Olympique International (CIO) à Lausanne, Barcelone avait amené la diva de l’art lyrique Montserrat Caballé ainsi que les stupéfiants atouts de la créativité catalane, laissés par l’architecte Gaudi et les peintres Miró, Picasso, Tàpies et Dalí.
La prestigieuse exposition «Trésors de Barcelone», déployée dans le cadre de la Fondation de l’Hermitage, comprenait comme pièce principale «L’Athlète Cosmique» de Salvador Dali. Tous les délégués du Comité Olympique International avaient reçu avec le dossier de la candidature espagnole une luxueuse reproduction de l’œuvre de Dali. Ce fascinant supplément culturel a suscité l’effet émotionnel voulu. Le 17 octobre 1986, Barcelone fut déclarée ville olympique pour 1992. Les Jeux allaient métamorphoser la métropole catalane.
L'auteur Erasmy avec Antonio Pitxot, directeur du Musée Dali,
devant les "Athlètes Cosmiques" / "Poésie d'Amérique"
2° POESIE D'AMERIQUE.
Lors de son exil aux Etats-Unis, Dali avait peint en 1943 une toile racoleuse chargée de symboles marquants de la culture américaine : une tour gratte-ciel, deux footballeurs casqués et une bouteille de Coca Cola. Malgré ces clins d’œil appuyés à la clientèle d’outre-atlantique, le peintre n’arrivait pas à vendre cette œuvre spéciale, intitulée "Poésie d'Amérique". Le tableau se trouve aujourd’hui au Teatro-Museo Dali de Figueras. Rebaptisée «Athlètes Cosmiques», la toile fut exposée en 1985 dans le cadre de la Biennale d’Art du F.C. Barcelona. Sur le plan de l’effet prémonitoire, le tableau a connu une formidable consécration olympique en 1996, quand Atlanta (USA) héritait des Jeux du Centenaire. En effet, un décryptage méticuleux du symbolisme particulier de l’image met en évidence les caractéristiques socio-économiques de la ville d’Atlanta.
Premier signe : la bouteille de Coca Cola, transformée en téléphone, objet surréaliste de la communication. Atlanta est le siège de la compagnie Coca Cola, principal sponsor du CIO. Autre indice révélateur : la carte froissée du continent africain, accrochée à la tour monumentale. Atlanta représente le symbole de la com-munauté afro-américaine et des conflits raciaux aux USA. Le pasteur noir Martin Luther King, assassiné en 1968 à Memphis, y est enterré. Quant aux athlètes figurant dans cette étrange mise en scène, ils se présen-tent comme des pantins hypertrophiés, affublés de costumes multicolores. Les têtes sont creuses et les ex-trémités des membres synthétiques se décomposent. Un tiroir-caisse est planté dans les reins d’un sportif.
Cette toile prophétique a été réalisée par Dali à New-York en 1943, je tiens à le rappeler. Les repères iconographiques permettent d’identifier la ville olympique d’Atlanta’96. Cela est indiscutable. Mais en fait, les indications de la dégénérescence sportive avancée correspondent bien au profil des «dieux du stade» de notre époque : l’argent, les contrats publicitaires, le dopage et la supériorité des sportifs de couleur. La troublante précision symbolique de l’œuvre garde aujourd’hui tout son impact divinatoire. La «Poésie d’Amérique» de 1943 est un exemple éloquent de l’inspiration paranoïaque-critique. L’ensemble de l’œuvre dalinien constitue un scénario du futur, qui illustre les mutations du XXIe siècle.
Le montage surréaliste MAO-MARYLIN (Dali, 1972)
annonce l’américanisation de la Chine de 2008,
qui veut réinventer le capitalisme sauvage sur les bases de l’idéologie maoïste ■ A suivre…
6 août 2008 ● Roger Michel Erasmy, auteur du «Codex Dalianus» ● www.erasmy-dali.com